Soutenances de thèse

Déterminants de l'efficacité de la régulation prudentielle : étude sur le swing pricing, les exigences en capital et la finance verte

27/11/2025 à 13h00

M. Antoine BAENA présente ses travaux en soutenance le 27/11/2025 à 13h00

À l'adresse suivante : Université Paris Dauphine - PSL Pl. du Maréchal de Lattre de Tassigny, 75016 Paris, France Salle A701

En vue de l'obtention du diplôme : Doctorat en Sciences Economiques Dauphine

La soutenance est publique

Titre des travaux

Déterminants de l'efficacité de la régulation prudentielle : étude sur le swing pricing, les exigences en capital et la finance verte

École doctorale

École doctorale Dauphine SDOSE

Équipe de recherche

UMR 8007 - Laboratoire d'Économie de Dauphine

Section CNU

7 - Sciences de la société

Directeur(s)

Serge DAROLLES

Membres du jury

Nom Qualité Établissement Rôle
M. Serge DAROLLES Professeur des universités UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL CoDirecteur de these
Mme Verdier MARIANNE Professeur des universités Université Panthéon-Assas Rapporteur
M. Benoit SYLVAIN Maître de conférences UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL Directeur de these
M. Reint GROPP Professor Otto von Guericke University Magdeburg Rapporteur
Mme Elise GOURIER Maître de conférences ESSEC business school Examinateur
M. Jean-Stéphane MéSONNIER Maître de conférences Sciences Po Examinateur

Résumé

La régulation financière vise à favoriser la stabilité et l'efficacité, mais son efficacité réelle est souvent limitée. Cette thèse examine pourquoi des régulations financières bien intentionnées échouent souvent à produire pleinement l'impact réglementaire attendu, en mettant l'accent sur l'effet des choix de conception, du comportement stratégique et des défis informationnels.

 

Le premier chapitre examine l'efficacité du swing pricing, un outil de gestion de liquidité conçu pour atténuer les retraits massifs dans les fonds en imputant les coûts de transaction aux investisseurs qui rachètent ou souscrivent. En utilisant un nouvel ensemble de données construit par text-mining de prospectus couvrant presque tous les fonds d'investissement français, mon co-auteur Thomas Garcia et moi montrons que l'adoption généralisée du swing pricing n'a eu que des effets stabilisateurs limités durant les tensions de marché liées au COVID-19. Nous montrons qu'un paramètre clé, l'usage de plafonds sur le facteur de swing maximum, constitue un obstacle. Ces plafonds limitent la capacité du mécanisme à refléter pleinement les coûts de liquidité sévères en période de turbulences de marché. En conséquence, le swing pricing n'a pas pu éliminer les avantages du premier entrant ni renforcer la résilience des fonds comme les régulateurs l'avaient prévu. Cela souligne le rôle décisif des détails de conception dans l'efficacité des outils prudentiels.

 

Le chapitre 2 examine les réponses comportementales stratégiques dans le secteur bancaire. Il étudie comment les banques européennes réagissent aux augmentations des exigences de capital macroprudentielles, en particulier le coussin contracyclique de fonds propres (CCyB). À l'aide de données granulaires au niveau des prêts issues du registre de crédit européen (AnaCredit), l'analyse révèle un canal d'ajustement clé au-delà du désendettement ou de la levée de capital : les banques réduisent leurs paramètres de risque de crédit déclarés (par exemple, la probabilité de défaut) pour les expositions basées sur des modèles internes lorsqu'elles sont confrontées à une pression accrue sur le capital. Cette optimisation des pondérations de risque est particulièrement forte parmi les banques contraintes en capital et pour les prêts où la pratique est plus efficace, illustrant un comportement stratégique qui limite l'objectif de la politique visant à renforcer la résilience. En utilisant la période du COVID-19 comme quasi-expérience de relâchement des exigences en capital, l'étude montre en outre que ces effets sont toutefois temporaires, réversibles et motivés par les incitations réglementaires.

 

Le troisième chapitre quantifie l'impact des limites liées à la qualité et à la complexité de l'information, particulièrement pour les nouveaux risques comme le changement climatique. L'étude évalue dans quelle mesure les banques européennes intègrent le risque de transition climatique dans la tarification des prêts, objectif des récentes initiatives réglementaires (par exemple les lignes directrices de la BCE dès 2020). À partir de données granulaires de la collecte Fit-for-55 de l'EBA, l'analyse montre qu'une « greenium » en faveur des entreprises moins intensives en carbone émerge, mais reste limitée par d'importantes incohérences dans l'évaluation des empreintes environnementales (« confusion verte »). En outre, certaines banques dépourvues d'infrastructures solides de données climatiques se révèlent incapables de tarifer efficacement le risque, indépendamment de leurs engagements déclarés, ce qui met aussi en évidence une limite liée aux capacités.

 

Cette recherche soutient que l'efficacité de la régulation financière ne dépend pas seulement des règles mises en place, mais de la manière dont elles sont mises en œuvre et supervisées, nécessitant une conception des politiques qui anticipe l'arbitrage réglementaire, une supervision vigilante et un investissement substantiel dans l'harmonisation des données.

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