Soutenances de thèse

La construction organisationnelle du coût du capital

04/12/2025 à 13h00

Mme KIRSTY WALKER présente ses travaux en soutenance le 04/12/2025 à 13h00

À l'adresse suivante : L'université Paris-Dauphine-PSL, Pl. du Maréchal de Lattre de Tassigny - 75016 Paris Salle des thèses - D520

En vue de l'obtention du diplôme : Doctorat en Management

La soutenance est publique

Titre des travaux

La construction organisationnelle du coût du capital

École doctorale

École doctorale Dauphine SDOSE

Équipe de recherche

UMR 7088 - Dauphine Recherches en Management

Section CNU

Directeur(s)

Nicolas BERLAND

Membres du jury

Nom Qualité Établissement Rôle
M. Nicolas BERLAND Professeur des universités UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL Directeur de these
M. Horacio ORTIZ Directeur de recherche UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL Examinateur
Mme Raluca SANDU Professeur SKEMA Examinateur
Mme Aude DEVILLE Professeur des universités Université Côte d'Azur Rapporteur
Mme Hélène RAINELLI WEISS Professeur des universités Université de Rennes Rapporteur
Mme céline BAUD Professeur des universités UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL Examinateur
M. Jerome MERIC Professeur des universités Université de Poitiers Examinateur

Résumé

Cette thèse propose une lecture renouvelée du coût du capital, en l'abordant non comme une simple donnée technique issue de modèles financiers, mais comme un dispositif calculatoire construit, mobilisé et doté de fonctions symboliques, stratégiques et politiques. Souvent formalisé par le WACC (Weighted Average Cost of Capital), ce chiffre est omniprésent dans les décisions financières : investissements, évaluations d'actifs, tests de dépréciation, gouvernance, etc. Pourtant, il reste étonnamment peu interrogé quant à sa production concrète et à ses usages dans les organisations.

Alors qu'il est présenté comme un taux objectif, fondé sur des modèles standards comme le MEDAF ou le CAPM, le coût du capital est en réalité traversé par de nombreux arbitrages, hypothèses, et interprétations. De faibles variations de ce taux peuvent profondément affecter la valorisation d'actifs ou les choix stratégiques. Ce paradoxe, un chiffre à l'apparence technique exerçant un pouvoir considérable, est au cœur de la recherche, formulée autour de la question suivante :

« Comment les rôles organisationnels et les pratiques influencent-ils le calcul du coût du capital ? »

Pour y répondre, cette thèse s'appuie sur une enquête qualitative reposant sur 40 entretiens semi-directifs menés auprès de professionnels de la finance, du contrôle, de l'évaluation et de la régulation. L'analyse est complétée par des documents réglementaires (AMF, ESMA, IFRS), des rapports d'OPR, et des documents internes partagés par les participants. Cette approche empirique permet de documenter les mécanismes pratiques à travers lesquels le coût du capital devient calculable, crédible, et mobilisable.

La recherche mobilise trois cadres théoriques complémentaires :

• La sociologie de la quantification, qui montre que les chiffres ne sont jamais neutres mais construits selon des choix sociaux, politiques et institutionnels (Desrosières, 1998 ; Espeland & Stevens, 2008 ; Porter, 1995) ;

• Les pratiques calculatoires, qui analysent comment les chiffres deviennent opératoires dans les organisations (Miller & Power, 2013, Callon & Muniesa, 2005) ;

• La théorie de l'acteur-réseau (ANT), qui permet de suivre les dispositifs, les controverses, les ajustements et les alliances qui stabilisent un chiffre (Callon, Latour, Çalışkan). L'analyse mobilise aussi le concept de la passiv(a)ction (Çalışkan & Callon, 2010; Callon, 2017) et qualculation (Cochoy, 2002).

L'une des contributions majeures de cette recherche est l'introduction du concept de translucidité, désignant l'équilibre stratégique entre transparence formelle et opacité fonctionnelle. Le coût du capital est ainsi envisagé comme un chiffre à la fois robuste et malléable, qui permet de conjuguer rigueur apparente et marges discrétionnaires.

La thèse explore aussi le rôle des récits, du jugement professionnel (Jordan & Messner, 2012 ; Huxley, 2023) et du bricolage (Beunza & Garud, 2007 ; Ciborra, 1992 ; Lévi-Strauss, 1962). dans la construction de chiffres crédibles. Elle montre comment les acteurs s'approprient des modèles standards tout en les adaptant aux contraintes locales, aux attentes des parties prenantes et aux objectifs stratégiques. Le coût du capital devient ainsi un artefact hybride : technique, mais aussi narratif, institutionnel et affectif.

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