Thérapie familiale : remettre en ordre la famille pour traiter le trouble psychiatrique
18/12/2025 à 14h00
Mme Alice FEYEUX présente ses travaux en soutenance le 18/12/2025 à 14h00
À l'adresse suivante : Université Paris Dauphine- PSL. Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, 75016 Paris Salle des thèses D520
En vue de l'obtention du diplôme : Doctorat en Sociologie
La soutenance est publique
Titre des travaux
Thérapie familiale : remettre en ordre la famille pour traiter le trouble psychiatrique
École doctorale
École doctorale Dauphine SDOSE
Équipe de recherche
UMR 7170 - IRISSO - Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales
Section CNU
7 - Sciences de la société
Directeur(s)
Céline BESSIERE
Membres du jury
| Nom | Qualité | Établissement | Rôle |
|---|---|---|---|
| Mme Céline BESSIERE | Professeur des universités | UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL | Directeur de these |
| Mme Isabelle COUTANT | Directeur de recherche | IRIS, CNRS, EHESS | Rapporteur |
| Mme Anne PAILLET | Professeur des universités | Université Paris 1 Sorbonne (CESSP) | Rapporteur |
| Mme Julie PAGIS | Chargé de recherche | IRIS, CNRS, EHESS | Examinateur |
| M. David PICHONNAZ | Professeur des universités | HES-SO | Examinateur |
| Mme Aude BELIARD | Maître de conférences | Université Paris-Cité (Cermes3) | Examinateur |
Résumé
Au carrefour de la sociologie de la famille, de la psychiatrie, du travail et des professions, cette thèse s'approprie un objet – la psychothérapie – longtemps confisqué par les disciplines « psy ». Elle porte, plus spécifiquement, sur la thérapie familiale dite « systémique », qui s'adresse principalement, depuis son émergence en France dans les années 1980, aux familles avec des enfants ou adolescent·es présentant divers troubles ou symptômes psychiatriques. À partir de l'ethnographie d'une formation et de l'étude de la littérature professionnelle, elle reconstitue, dans un premier temps, le répertoire de pratiques des thérapeutes familiaux·ales. Ces pratiques, réinscrites dans le temps plus ou moins long de la thérapie, sont saisies dans leur double dimension : comme des pratiques de repérage d'un ensemble de désordres familiaux, et comme des pratiques de remise en ordre de la famille. La thérapie familiale représente, de ce point de vue, un observatoire privilégié des formes renouvelées d'encadrement des familles dans le champ de la psychiatrie. Tournée vers les classes moyennes et supérieures, elle constitue également un cas d'espèce pour qui s'intéresse aux formes de stigmatisation s'exerçant spécifiquement sur les classes dominantes. Par ailleurs, la thérapie familiale recouvre un processus socialisateur singulier. Les pratiques des thérapeutes procèdent par agencement de contextes relationnels plutôt que par inculcation ou entraînement et, cherchant à agir dans le temps court, reposent sur des ressorts indissociablement événementiels et émotionnels. Le présent travail éclaire, dans un second temps, les formes variées que prend la thérapie familiale d'un contexte de soin à l'autre et, au sein même des équipes, d'un·e thérapeute à l'autre. Il s'appuie, dans cette perspective, sur une enquête ethnographique multi-située, combinant entretiens et immersion de longue durée au sein de trois lieux de pratique de la thérapie familiale – deux services de psychiatrie et un cabinet libéral. Ces variations sont rapportées, d'une part, à la position professionnelle – entendue au sens large – des thérapeutes familiaux·ales, qui sont par ailleurs psychiatres, psychologues ou travailleur·ses sociaux·ales. Une attention particulière est portée à l'influence de leur situation de travail, ainsi qu'à celle de leur trajectoire professionnelle passée et anticipée, sur leur manière de pratiquer la thérapie. Les variations de la thérapie familiale dépendent, d'autre part, des caractéristiques sociales des thérapeutes, dont l'action se conjugue étroitement à celle de la position professionnelle. Les variations de pratique sont enfin examinées au regard du travail que les thérapeutes mènent sur leurs familles, dans les espaces de formation et au cours de leurs propres thérapies, à mi-chemin entre sphère professionnelle et sphère privée.