Blanche et Colette, étudiantes Dauphinoises et consultantes solidaires

Dans le cadre de leur année de césure, Blanche et Colette ont rejoins l’ONG Impulso en tant que consultantes solidaires. Elles racontent.

Article rédigé par Blanche et Colette, étudiantes à l'Université Paris Dauphine - PSL, en année de césure au Guatemala.

"Holà, nous c'est Blanche et Colette !


Dans le cadre de notre année de césure nous avons rejoint l’ONG Impulso en tant que consultantes solidaires.

Après plusieurs mois de préparation et de levée de dons, nous sommes parties pour 6 mois de mission à Xela, au Guatemala. 

Le but : accompagner des femmes dans le développement de leur projet d’entreprise.

Trois mois après notre arrivée sur notre terrain d’action, nous souhaitions partager nos observations sur l’entrepreneuriat féminin, et notamment sur comment celui-ci permet l’émancipation de la femme dans les pays en développement. 

Amies avant, pendant et après nos études à Dauphine, nous souhaitions contribuer toutes les deux à un projet porteur de sens pendant notre année de césure.

L’objectif était de pouvoir contribuer à un projet sur un terrain d’action en nous engageant pour une ONG tout en voyageant et découvrant différentes cultures. Restait à savoir pour quelle cause, car nous souhaitions en trouver une qui nous touchait, que ce soit par nos expériences personnelles ou nos convictions. Nous avons donc rejoint l’ONG Impulso, et, après plusieurs mois de préparation et de levée de dons, nous sommes parties pour 6 mois de mission à Xela, au Guatemala. Le but : accompagner des femmes dans le développement de leur projet d’entreprise.

L'entrepreneuriat féminin au Guatemala est bien plus qu'une simple activité économique : c’est une voie vers l'émancipation à plusieurs niveaux. 

Sur le terrain depuis maintenant trois mois, nous avons pu constater qu’entreprendre était souvent levier d’émancipation financière, familiale et sociale, et nous allons vous montrer comment. 

Tout au long de l’article, vous pourrez retrouver les points de vue de deux femmes : Carolina, directrice de Red fasco, un réseau d'institutions de micro finance et Elsy, l’une de nos bénéficiaires, qui nous ont donné leur vision de l’entrepreneuriat féminin et nous ont permis de comprendre en quoi il est essentiel pour l'autonomie et le développement des femmes. 

Cela parait plutôt logique mais lancer son propre commerce permet aux femmes de pouvoir générer leurs propres revenus et d’être indépendantes financièrement. 

Il faut tenir compte que l’une des violences conjugales les plus répandues au Guatemala est la violence économique. La dot existe encore dans plusieurs villes, les maris peuvent contrôler les femmes en exerçant une pression financière,... les exemples ne manquent pas. De nombreuses femmes guatémaltèques créent notamment leur activité après avoir été quittées par leur mari, et voient donc l'entrepreneuriat comme un moyen de pallier leurs difficultés financières et de subvenir aux besoins de leur famille. C’est le cas d’Elsy qui est divorcée et s’est lancée récemment dans un commerce de glaces artisanales : “Je suis responsable de ma mère et de mes filles, je n'ai pas d'autres revenus donc ça m’aide beaucoup là-dessus.” Elle nous a également dit que réaliser une activité qui lui plaisait lui permettait d’évoluer personnellement, en prenant confiance en elle et en ses capacités. En ayant plus de pouvoir économique, les femmes commencent à prendre conscience de ce dont elles sont capables et de la légitimité de leur place dans l’économie. 

Nous avons aussi observé que se lancer dans une activité entrepreneuriale peut non seulement répondre à des besoins financiers immédiats, mais aussi créer des opportunités d'émancipation pour toute une famille. Il y a une certaine ironie dans cette constatation, la famille étant parfois un frein dans le développement de leurs commerces. Comme nous l’a dit Elsy, l'entrepreneuriat ce n'est pas seulement l’argent. “J’apprends beaucoup en gérant ma propre activité. Ça m'aide à grandir en tant que personne, à avoir des ambitions pour l'avenir et à pouvoir transmettre ces compétences à mes deux filles. Plus que tout, c'est pour enseigner à mes filles. Je veux leur montrer que tout est possible, qu'elles peuvent apprendre et être capables de se lancer dans un business qui leur plaît.” Il y a une réelle volonté des femmes que nous accompagnons de casser la reproduction sociale qu’elles connaissent depuis toujours : chacune se bat pour que le futur de ses enfants soit différent du leur. L'entrepreneuriat serait donc aussi un moyen d’offrir un avenir meilleur à sa famille et de leur donner une opportunité d’évolution professionnelle.  

Vous l’aurez compris, la société guatémaltèque est très tournée autour de la famille, et la socialisation y est assez particulière. Les grandes fratries passent avant tout, et qui dit petit commerce dit peu de sociabilisation (et non socialisation) au travail. Nous avons découvert que néanmoins, l’entrepreneuriat féminin permet une émancipation sur ce sujet, et ce, grâce aux micro-crédits. Le fonctionnement des institutions n’est peut-être pas très clair, alors nous allons y mettre un petit point de lumière. Comme toute institution bancaire, les IMF (institutions de microfinance) ont besoin de garantie quant à leurs emprunteurs. Beaucoup de femmes étant mères divorcées ou laissées par leur mari et n'ayant donc pas de garantie et de ressources suffisantes pour la banque, il a fallu trouver un autre moyen : le prêt de groupe. Les IMF constituent des groupes de femmes, et chaque membre du groupe est responsable du remboursement des prêts accordés à tous les autres membres du groupe. Cela crée un système de responsabilité collective où les membres se soutiennent mutuellement et encouragent le remboursement en temps voulu. Si une emprunteuse ne parvient pas à rembourser, cela peut avoir un impact sur le reste du groupe et les autres membres du groupe peuvent devoir couvrir le montant manquant.

Ce mécanisme de solidarité de groupe n’a pas seulement des vertus sur le remboursement des crédits, mais permet également une réelle socialisation des femmes. Ce phénomène est souligné par Carolina, qui aimerait également en profiter pour construire des unions entre entrepreneuses et fortifier leur commerce. Pour elle, c’est aussi un soutien mental indéniable, et on retrouve une réelle solidarité voire sororité dans ces groupes. C’est aussi ce que nous avons pu observer dans la communauté où nous faisons des formations collectives : il y a une véritable entraide entre toutes ces femmes qui se tirent vers le haut. 

Nous avons observé que l'entrepreneuriat féminin pouvait être un levier essentiel d'émancipation, tant sur le plan financier, familial que social. 

Mais au-delà de ces aspects, nous pensons qu’il pourrait permettre aux mentalités de changer peu à peu et de promouvoir l'égalité entre les genres. 

Nous le voyons, les femmes ont un rôle qui grandit constamment dans l’économie informelle (environ 70% du PIB). Nous espérons que, petit à petit, au même titre que l’entrepreneuriat joue un rôle majeur dans l’émancipation des femmes, il pourra être vecteur de changement des mentalités et progressivement transformer les normes sociales et les perceptions sur le rôle des femmes dans la société. 

En attendant cette évolution, nous sommes fières de contribuer à notre échelle à la reconnaissance du travail de ces femmes, et de pouvoir les accompagner chaque jour !"

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