Thomas Bréda et Clotilde Napp (Décembre 2023)
Vishkin (2022) montre que la participation des femmes aux échecs est plus faible dans les pays plus égalitaires (le « paradoxe de l’égalité des sexes ») mais que cette relation est déterminée par l’âge moyen des joueurs d’un pays, ce qui en fait plus un épiphénomène qu'un véritable paradoxe. En nous appuyant sur les mêmes données sur les joueurs d'échecs compétitifs (N = 768 480 dans 91 pays) ainsi que sur les données sur les élèves de 15 ans (N = 312 571 dans 64 pays), nous montrons que le paradoxe de l'égalité des sexes s'applique aux jeunes joueurs. Le paradoxe demeure également présent pour l’ensemble de la population des joueurs d’échecs lorsque l’on prend en compte l’âge des joueurs au niveau individuel plutôt qu’au niveau agrégé par pays, ou lorsqu’on tient compte des différences d’âge entre les pays. Il existe donc un paradoxe en matière d’égalité des sexes aux échecs qui n’est pas entièrement motivé par un mécanisme de changement de génération comme le soutient Vishkin (2022), et les explications précédentes de ce paradoxe ne peuvent être écartées.