Soutenances de thèse

Des catholiques en quête des respect ? Engagements, mobilisations et stratégies de respectabilisation aux Associations familiales catholiques (1958 – aujourd’hui).

07/02/2022 à 14h00

Mme Constance CHEYNEL présente ses travaux en soutenance le 07/02/2022 à 14h00

À l'adresse suivante : Université Paris Dauphine Place du maréchal de Lattre de Tassigny 75016 Paris

En vue de l'obtention du diplôme : Doctorat en Science politique

La soutenance est publique

Titre des travaux

Des catholiques en quête des respect ? Engagements, mobilisations et stratégies de respectabilisation aux Associations familiales catholiques (1958 – aujourd’hui).

École doctorale

École doctorale Dauphine SDOSE

Équipe de recherche

UMR 7170 - Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales

Section CNU

04 - Science politique

Directeur(s)

M. Eric AGRIKOLIANSKY

Membres du jury

Nom Qualité Établissement Rôle
M. Eric AGRIKOLIANSKY Professeur des universités UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL Directeur de thèse
Mme Céline BéRAUD Directeur d'études EHESS Rapporteure
M. Yann RAISON DU CLEUZIOU Maître de conférences Université de Bordeaux Rapporteur
Mme Martina AVANZA Maître de conférences Université de Lausanne Examinatrice
M. Bruno DUMONS Directeur de recherche CNRS LARHRA - Maison des Sciences de l'Homme Examinateur
Mme Johanna SIMéANT Professeur des universités ENS - Campus Jourdan Examinatrice

Résumé

Cette thèse porte sur les Associations familiales catholiques, un mouvement familial créé au début du XXe siècle afin de défendre les valeurs de la « doctrine familiale de l’Église ». Membre de l’Union nationale des associations familiales depuis 1945, les AFC interpellent le gouvernement, les élus et les pouvoirs publics sur les questions de politique familiale. Elles sont également à l’initiative de grandes mobilisations contre la démocratie sexuelle. Association autonome vis-à-vis de l’Église, celle-ci n’est en position de force, ni dans le champ familial, ni dans le champ catholique, lors de l’avènement de la Ve République en 1958, date de début de notre étude. Le processus de sécularisation précoce et avancé de la France a ensuite contribué au déclin des modes de vie et des valeurs de ces catholiques, et nourri leur sentiment d’appartenir à une communauté discriminée. Pourtant, lorsque notre enquête débute en 2017, les membres des AFC représentent un groupe intégré au champ du pouvoir. Comment expliquer la montée en puissance de ce groupe de catholiques conservateur·trice·s ? Pour répondre à ce questionnement, nous mobilisons les outils conceptuels de la sociologie des mouvements sociaux dans une double perspective attentive, d’une part, à normaliser l’approche des mobilisations conservatrices et, d’autre part, à penser l’articulation entre religieux et politique. Nous analysons les réactions de ces militant·e·s à leur déclin statutaire comme une « quête de respect », non pas qu’ils·elles en soient complètement dépossédé·e·s, mais que celui-ci est à leurs yeux menacé et affaibli. Nous étudions plus particulièrement la tension entre singularisation et normalisation qui traverse les adoptées pour se respectabiliser. Cette recherche doctorale repose sur 3 principaux terrains : l’un socio-historique (1958-2005) mené à partir de la consultation des fonds d’archives privés du mouvement, et de sa correspondance avec la Conférence épiscopale disponible au Centre national des archives de l'Église de France ; l’un ethnographique, dans le cadre de trois années d’enquête auprès de la Confédération nationale des AFC et de plusieurs AFC (40 entretiens avec les militant·e·s les plus actif·ve·s, 30 observations de la vie routinière et délibérative du mouvement) ; l’autre statistique avec la passation de 2 questionnaires (n= 68 et n=174). Le manuscrit commence par présenter les ficelles de l’enquête ethnographique auprès de militant·e·s catholiques conservateur·trice·s, craintif·ve·s voire réfractaires à l’enquête sociologique, et défend l’impératif d’une posture éthique à leur égard, comme cela devrait l’être pour n’importe quel enquêté. Les données historiques, étudiées aux chapitres 2 et 3, apprennent que les AFC forment un espace de repli pour les catholiques qui souhaitent préserver leur double appartenance catholique et conservatrice. Ce rôle est en tension avec de rester des entrepreneurs de morale légitimes. Grâce à leurs capitaux sociaux, symboliques et politiques, les responsables du mouvement se sont progressivement conformé·e·s aux normes républicaines et démocratiques. Organisation ressource dans les mouvements sociaux dès les années 1970, les AFC privilégient en outre un répertoire d’action tinté d’une certaine discrétion et modération. Les matériaux recueillis lors de l’enquête ethnographique confirment et approfondissent ces analyses aux chapitres 4 et 5. Ils démontrent que les AFC occupent une position particulière dans l’espace du catholicisme : pourvoyeuses de ressources militantes, dotées d’une histoire et d’une marque symbolique forte, elles constituent des bases de repli tout autant que des infrastructures dans lesquelles des militant·e·s de différentes orientations et camps politiques peuvent consolider leurs carrières. L’organisation déploie enfin une politique de respectabilité élitiste qui valorise les militant·e·s qui incarnent le mieux une éthique de la responsabilité, adaptée aux actions politiques menées.

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