Les stéréotypes de genre peuvent expliquer le paradoxe d'égalité des sexes

Publication d'un article des chercheurs de la Chaire Femmes et Science dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)

La différenciation entre les genres en termes de choix professionnels est plus prononcée dans les pays plus égalitaires et plus développés, c’est le paradoxe de l’égalité des sexes. Certains chercheurs ont expliqué ce paradoxe par l'existence de différences profondément enracinées ou intrinsèques entre les sexes en termes de préférences, ces différences se matérialisant plus facilement dans les pays où les contraintes économiques sont plus limitées. Selon cette approche, la moindre présence des femmes dans certains domaines serait assez largement due à leur moindre attirance pour ces domaines.

L’article publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) par Thomas Breda, Elyès Jouini, Clotilde Napp et Georgia Thebault*, des chercheurs de Paris School of Economics, de l’Université Paris Dauphine - PSL, de l’EHESS et du CNRS, tous affiliés à la Chaire Femmes et Science, éclaire ce débat d’un jour nouveau.

Ils montrent plutôt que ce paradoxe peut s'expliquer par des différences entre pays en termes de stéréotypes relatifs à de supposées différences d’aptitudes entre les genres ou à des choix professionnels plus appropriés selon le genre. 

En se focalisant sur les domaines d’étude intensifs en mathématiques et en utilisant des données individuelles sur le rapport aux mathématiques de 300 000 élèves de sexe féminin et masculin de 15 ans dans 64 pays (PISA 2012), ils proposent une nouvelle mesure du stéréotype associant les mathématiques aux hommes et montrent que ce stéréotype est en fait plus fort dans les pays plus égalitaires et développés. Il est également fortement associé à la sous-représentation des femmes dans les domaines d’étude intensifs en mathématiques et peut donc expliquer entièrement le paradoxe de l'égalité des sexes dans ces domaines. Leur travail suggère que le développement économique et l'égalité des sexes en matière de droits vont de pair avec une reconfiguration plutôt qu'une suppression des normes de genre, avec l'émergence de formes plus horizontales de différenciation sociale. L’explication du paradoxe de l’égalité des sexes serait ainsi entièrement d’origine culturelle.  

Consulter l'article publié dans la revue PNAS


*Thomas Breda est chargé de recherche CNRS au laboratoire Paris Jourdan sciences économiques (PjSE, CNRS/EHESS/ENS Paris/Ecole des Ponts ParisTech/INRAE/Université Panthéon-Sorbonne) basé à la Paris School of Economics, Elyès Jouini est professeur des universités à l’Université Paris Dauphine-PSL au Centre de recherche en mathématiques de la décision (CNRS/Université Paris Dauphine-PSL) et en délégation au laboratoire Paris Jourdan sciences économiques, Clotilde Napp, est directrice de recherche CNRS au laboratoire Dauphine recherches en management (CNRS/Université Paris Dauphine-PSL) et Georgia Thebault est doctorante à l’EHESS et rattachée au laboratoire Paris Jourdan sciences économiques.

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Publié le 24 novembre 2020