"Soutenons le petit commerce"
Le 29 octobre, le couperet est tombé. Pour la seconde fois en l’espace de quelques mois, le gouvernement a décidé de reconfiner le territoire français jusqu’au 1er décembre, annonçant ainsi la fermeture des commerces dit « non essentiels ». Environ 200 000 commerçants se sont retrouvés groggy, laissant un véritable boulevard aux géants du e-commerce, dont Amazon constitue la figure de proue. Pourtant, l’objet n’est pas ici de jeter en pâture le géant américain qui, rappelons-le, compte plus de 200 000 vendeurs français sur sa plateforme et emploie environ 9000 personnes à l’échelle nationale.
Las des critiques visant notamment les marketplaces championnes dans le non-alimentaire et la grande distribution, les étudiants du master 206 se sont penchés sur les initiatives mises en place pour pallier les fermetures des petits commerces et les aider à poursuivre leurs activités. Celles-ci s’inscrivent en partie dans les nouvelles habitudes de consommation des clients, de plus en plus tournées vers le numérique et le digital.
Les marketplaces locales : l’Occitanie comme fer de lance...
Les marketplaces locales ne datent pas d’aujourd’hui comme le démontre l'initiative privée “Toulouse Boutiques” lancée en 2018 par Jacques Estanove, et qui s'avère utile en période de confinement pour les achats non alimentaires. Cette plateforme fait la promotion des boutiques de la ville rose : droguerie, jardinerie, électroménager, chaussures, bijoux et même modélisme sont au rendez-vous.
L’Occitanie regorge d’ailleurs de ressources en matière d’outils de vente en ligne. La région vient d’ouvrir “Dans ma zone” sur le modèle de « Toulouse boutique », complété par le dispositif de géolocalisation de la CCI et du Conseil départemental, "Géo'local".
En Occitanie, face à ces premières marketplaces locales initiées par un entrepreneur ou par des collectivités, les commerçants sont en train de créer leur propre application “Tout Toulouse”, bientôt disponible sur Google et Apple Store. Au-delà d’un espace shopping, cette place de marché veut mettre à l’honneur « tourisme, culture et loisirs » selon Philippe Léon, président de la Fédération des commerçants, artisans et professionnels de la ville rose.
Imaginé par, et pour des commerçants, ce service se démarque des géants du secteur avec la mise en place de transactions directes, sans intermédiaire ni commission. Le client n'achète pas directement sur l'application, il est redirigé sur le site du commerçant pour finaliser son achat. Et les commerçants n’ayant pas de site web ? Ils ne sont pas oubliés grâce au partenariat avec jeboostemaboite.com qui facilite la transition vers le numérique.
Sans oublier les autres régions
Les cartes interactives sont à la mode ! La ville de Lyon a lancé sur ce modèle "ça reste ouvert" afin de faciliter la vie des habitants en recensant l’ensemble des restaurants, épiceries, grandes surfaces, pharmacies et autres services ouverts. La carte évite aux lyonnais de perdre du temps, dehors, à la recherche de magasins ouverts alors que cette pratique est prohibée par le confinement.
A Nancy, un site e-commerce “Achetez Grand Nancy” regroupe les boutiques alimentaires et non alimentaires, ne disposant pas de site web, et assure un service de livraison à domicile gratuit, pris en charge par la collectivité. En partie financé par la métropole, le site compte déjà plus de 200 enseignes à Nancy et ses alentours.
Cet engouement pour les “Amazon locaux”, comme certains experts aiment les appeler, constitue une véritable tendance. Citons “Shop in Limoges”, créé par l'association “Pignon sur Rue 87”, “Ma ville Mon shopping” utilisé par la Chambre de commerce de Nantes-Saint-Nazaire, pour la Loire-Atlantique et “La force des Hauts-de-France” qui couvre l’ensemble de la région. Pour disposer d’une vision plus exhaustive des initiatives, la Tribune a réalisé une carte de France des initiatives e-commerce (voir ici).
Des géants solidaires : la grande distribution répond présent...
La célèbre campagne « Désolé Amazon » n’est pas un simple coup de communication de la part d’Intermarché. Véritable opération solidaire, s’inscrivant parfaitement dans l’ADN local du groupe, les équipes des Mousquetaires référencent des libraires gratuitement sur leur marketplace, à travers un système de « click » sur le site et de « collect » directement chez le commerçant.
Autre acteur solidaire : Carrefour. Lancée en juin 2020 avec le soutien de Mirakl, cette marketplace regroupe plus de 50% de TPE et PME parmi ses vendeurs partenaires. Pour aller plus loin, l’un des leaders français de la grande distribution, offre l’abonnement aux nouveaux marchands jusqu’à fin 2020.
A l’instar des grandes marketplaces non alimentaires
Parmi les acteurs les plus critiqués en cette période, certaines marketplaces sont au soutien des petits-commerçants.
Le japonais Rakuten, ex-Priceminister, s’inscrit dans une logique d’accompagnement en proposant des “Rakuten Academy”, formation en ligne à destination des futurs marchands et une inscription gratuite jusqu’à la fin d’année.
Autre soutien à saluer : le français Cdiscount. La marketplace implantée à Bordeaux ouvre gratuitement ses services aux petits-commerçants afin de favoriser le “click and collect”. Preuve que marketplaces et petits-commerces ne sont pas toujours antonymes.
Ce deuxième confinement accélère les tendances au niveau du commerce, et notamment la montée du modèle de la marketplace locale. Attention toutefois aux effets d’annonce car le chemin de ces projets vers le succès doit être envisagé dans un contexte concurrentiel fort. Faire des marketplaces locales un incontournable dans l’esprit du consommateur constitue un défi qu’il faudra s’attacher à relever après le confinement. Dans cette perspective, ces places de marché locales constitueront-elles, un jour, une alternative durable à Amazon ? La réponse appartient désormais aux clients.
Pour suivre les aventures des étudiants Master 2 Distribution et Relation client (206) :
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