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Étude : Le décrochage des filles en mathématiques dès le CP

Publié dans Sciences & Technologies 5 mn - Le 25 janvier 2024

© gpointstudio

C'est ce que révèle une étude sur les inégalités de genre et les performances scolaires publiée par la Chaire Femmes & Science et l'Institut des Politiques Publiques.

À l'occasion de la célébration de ses 5 ans d'existance, la Chaire Femmes et Science de l'Université Paris Dauphine - PSL publie une nouvelle étude sur les inégalités de genre et les performances scolaires en sciences et mathématiques, en partenariat avec l'Institut des Politiques Publiques et le Ministère de l'Éducation nationale : « Le décrochage des filles en mathématiques dès le CP : une dynamique diffuse dans l’ensemble de la société ».

Les auteurs sont Thomas Breda, chargé de recherche au CNRS, professeur à l’École d’économie de Paris et co-responsable du pôle « Travail et Emploi » de l’Institut des Politiques Publiques (IPP), Joyce Sultan Parraud, économiste à l’IPP et coresponsable du pôle « Travail et Emploi » de l’IPP et Lola Touitou, assistante de recherche à l’IPP.

Cette étude s’intéresse plus particulièrement au décrochage rapide des filles en mathématiques dès le CP, alors qu’elles ont le même niveau que les garçons à leur entrée au CP. Elle s’attache à mesurer cet écart au cours des premiers mois d’école et à identifier les situations (types d’école, milieux familiaux) qui accentuent ou neutralisent cet écart. Cette note s’appuie sur les évaluations nationales standardisées administrées (en début de CP, milieu de CP et en début de CE1) à plus de 2,5 millions d’élèves scolarisés en France entre 2018 et 2022.

Résultats complets de l'étude

Principaux résultats de l’étude

  1. Alors qu’il est inexistant au début du CP, un écart en faveur des garçons apparaît et se creuse en mathématiques au cours du CP. Ce décrochage des filles est observé pour toutes les cohortes évaluées et pour la majorité des exercices évalués (additionner, lire des nombres, résoudre des problèmes, etc.). Les filles ont en revanche un avantage sur les garçons en français qui demeure globalement stable durant l’année de CP. 
     
  2. Le décrochage a surtout lieu parmi les filles les plus performantes en début de CP (celles qui font partie du top 1%au début de CP). Ces filles perdent en moyenne près de 7 rangs en début de CE1 par rapport aux garçons appartenant au même centième initial. 
     
  3. L’évolution de l’écart en mathématiques entre les garçons et les filles s’observe dans toutes les catégories sociales et configurations familiales, et sur l’ensemble du territoire. 
     
  4. Le décrochage des filles par rapport aux garçons est moins important dans les classes incluant surtout des filles ou quand l’enseignant est une femme plutôt qu’un homme, et quand l’école est localisée dans une zone réseau d’éducation prioritaire plus (REP+). Ces caractéristiques liées à l’environnement scolaire ne parviennent cependant à expliquer qu’une une petite partie du décrochage global, ce qui suggère que la dynamique est commune à l’ensemble de la société.
     

Conférence "Femmes, Sciences et Technologies" : comprendre la sous-représentation des femmes dans les métiers scientifiques

Des tables rondes ont été proposées pour comprendre les enjeux et la conséquence de la moindre présence des femmes dans les études et les carrières scientifiques et technologiques et pour faire avancer la question de la parité dans les métiers en Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM) autour des thématiques suivantes :

  • Les femmes dans les études et les métiers scientifiques et techniques : stéréotypes de genre et freins systémiques

  • Les femmes et la Science : quels enjeux ? Quelles avancées ?

  • Les femmes dans les STEM : quels leviers d’action ?

Le constat est clair : en France, les filles réussissent mieux académiquement que les garçons ; et pourtant, elles sont sous-représentées dans les filières scientifiques menant aux professions les mieux rémunérées. Comprendre les raisons et les conséquences de cette situation est aujourd’hui indispensable. 

Tel est l’objectif de la Chaire Femmes et Science de l'université : soutenir et développer des travaux académiques à même d’apporter des éclairages pertinents et des éléments de réponse aux nombreuses questions qui se posent : est-ce une question de goûts, de compétences, d’environnement, de confiance en soi, de représentations ? Quel est l'impact de cette faible présence des femmes en science, sur la science elle-même, sur la société dans son ensemble et sur la place des femmes dans la société ? Quelles politiques publiques mener pour mettre fin à cette situation ? 

Une chaire pour identifier les actions publiques permettant de lutter contre les freins et les stéréotypes

En éclairant ces questions, la chaire « Femmes et Science » vise à identifier des actions publiques efficaces pour lutter contre les freins systémiques et les stéréotypes. Il s’agit là, avant tout, d’un impératif d’équité mais également d’efficacité économique. La sous-représentation des filles dans les filières scientifiques empêche l’allocation optimale des talents. Les entreprises et les laboratoires de recherche sont ainsi privés de compétences précieuses. La quasi-absence des femmes dans le domaine de l’intelligence artificielle a d’ores et déjà des conséquences sociétales lourdes, qui pourraient s’amplifier à court terme.

Dans ce but, la Chaire associe des unités de recherches et des chercheurs extérieurs à l’Université Paris Dauphine - PSL. Elle soutient des travaux de recherche d’excellence sur appels à projets. Depuis sa création en 2019, elle a lancé 5 appels à projets et a reçu plus de 250 candidatures de chercheurs d’une trentaine de pays à travers le monde. Elle soutien 25 travaux de recherche dans 18 pays

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