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Face à la perception répandue que l'immigration accroît la criminalité, des études récentes explorent les liens complexes entre ces phénomènes. Comment les nouvelles données modifient-elles notre compréhension de ce débat social crucial ?

Marion Mercier, chercheure CNRS au LEDa et professeure associée à l'Université Paris-Dauphine - PSL et Fabio Mariani, professeur à l'Université Catholique de Louvain.


L’idée que les immigrés commettent plus de crimes que les natifs n’est pas récente. 
À la fin des années 1920, le président Hoover convoquait aux Etats-Unis une commission sur le respect et l’application de la loi dont l’un des rapports finaux, dédié aux personnes nées à l’étranger, indique que l’immigration était alors perçue comme un afflux de criminels potentiels (Abbott, 1931). Des travaux quantitatifs menés à partir de données récentes montrent également que l’inquiétude concernant les activités criminelles des immigrés demeure répandue – voir par exemple l’analyse des pays de l’OCDE de Bauer et al. (2000) ou l’étude de Keita et al. (2023) sur l’impact de la diffusion médiatique de la nationalité des criminels en Allemagne. 

En économie, la réflexion théorique sur les déterminants de la criminalité est structurée autour du modèle fondateur de Becker (1968). Dans ce cadre, les individus arbitrent entre participation au marché du travail et criminalité en fonction des rendements qu’ils peuvent espérer tirer de chacune de ces deux activités. Etant donné leurs caractéristiques (âge, sexe, niveau d’éducation, etc.) ainsi que les obstacles auxquels ils font face sur le marché du travail (barrière linguistique, discrimination, ou encore difficulté à faire valoir des diplômes étrangers), les migrants pourraient ainsi être davantage conduits à arbitrer en faveur des activités criminelles que les natifs

Prenant acte des perceptions populaires et de la prédiction beckerienne standard, de nombreux travaux ont été menés à partir de données statistiques pour évaluer l’impact de l’immigration sur la criminalité à destination. Nous en proposons ici un tour d’horizon, en présentant leurs méthodologies et principaux résultats. Ces travaux apportant peu de soutien à l’idée selon laquelle l’immigration générerait de la criminalité, la deuxième partie de l’article propose un nouveau cadre théorique pour penser l’interaction entre immigration et crime, et discute ses implications. 

Immigration et crime : que nous disent les travaux de recherche ? 

Les études existantes se distinguent par leur échelle d’analyse. Un premier ensemble de travaux s’appuie sur des données individuelles pour comparer les comportements criminels des migrants et des natifs. Le second exploite des données agrégées (c’est-à-dire au niveau des localités) pour identifier un lien, possiblement causal, entre intensité de l’immigration et incidence du crime. 

“Il n’y a pas de différence entre l’activité criminelle des natifs et celle des immigrés”

Au niveau individuel, l’exploration de données administratives ou d’enquête montre qu’il n’y a pas de différence entre l’activité criminelle des natifs et celle des immigrés, voire fait ressortir une moindre criminalité de ces derniers, en particulier une fois que les caractéristiques socio-démographiques sont prises en compte (voir par exemple Papadopoulos, 2014 sur l’Angleterre et le Pays de Galles, ou Light et al., 2020 sur le Texas). L’analyse de taux d’incarcération mène à des résultats similaires (voir par exemple Gunadi, 2021 sur les migrants irréguliers aux Etats-Unis). S’il apparaît qu’à caractéristiques individuelles similaires, les migrants ne commettent pas plus de crimes que les natifs, les différences entre immigrés et natifs (par exemple en termes d’âge ou d’éducation) pourraient néanmoins générer un surplus de criminalité dans les localités d’accueil. 

Au niveau agrégé, certains travaux observent davantage de crimes dans les localités avec plus d’immigrés ; d’autres autant ou moins. La méta-analyse menée par Ousey & Kubrin (2018) sur une cinquantaine d’articles publiés entre 1994 et 2014 montre que la corrélation entre immigration et criminalité aux Etats-Unis est globalement faible et négative. 
Pour aller plus loin que de simples corrélations, des travaux récents mobilisent des stratégies empiriques innovantes visant à identifier un possible lien de causalité. 

“Aucun effet de l’immigration sur la hausse de la criminalité locale”

Certains d’entre eux s’appuient sur des chocs (par exemple des chocs climatiques ou de politiques publiques) qui donnent lieu à une variation – entre localités ou au fil du temps – dans les flux de migration, pour en explorer l’impact sur la criminalité dans les pays d’accueil. D’autres utilisent les tendances migratoires passées ou vers d’autres destinations pour prédire la distribution des flux de migration et en mesurer les effets. 

La plupart de ces travaux ne détectent aucun effet de l’immigration sur la hausse de la criminalité locale – en particulier, Chalfin (2014) sur l’immigration mexicaine aux Etats-Unis ; Nunziata (2015) sur l’immigration vers l’Europe ; Bell & Machin (2013), Bell et al. (2013) et Jaitman & Machin (2013) sur le Royaume-Uni ; Ozden et al. (2017) sur la Malaisie ; Maghularia & Übelmesser (2023) sur l’Allemagne ; Ajzenmann et al. (2023) sur le Chili. 

“Des effets différents selon le type de crime”

Certains articles mettent en avant des effets différents selon le type de crime. Par exemple, Bianchi et al. (2012) n’observent pas d’effet global de l’immigration sur le crime en Italie, mais une légère augmentation des vols ; et Chalfin (2015) observe une hausse des agressions physiques mais une baisse des vols et des agressions sexuelles associées à la migration mexicaine vers les Etats-Unis. Knight & Tribin (2023) montrent quant à eux que l’immigration vénézuélienne en Colombie fait augmenter les homicides du fait de la multiplication des crimes contre des migrants.

Enfin, d’autres travaux étudient des catégories spécifiques d’immigrés. Aux Etats-Unis, Gunadi (2021) n’observe aucun impact de la migration irrégulière. En Allemagne, Dehos (2021) montre que les demandeurs d’asile n’ont pas d’impact, mais que les réfugiés font légèrement augmenter les vols non violents et les fraudes. Au Royaume-Uni, Bell et al. (2013) n’observent pas d’impact des demandeurs d’asile sur les crimes violents, mais un effet sur les vols. Kayaoglu (2022) et Kirdar (2022) ne font état d’aucun effet des réfugiés syriens en Turquie. 

La littérature scientifique ne soutient donc pas l’idée d’un effet de l’immigration sur l’augmentation du crime. Les données individuelles indiquent que les migrants ne commettent pas plus de crimes que les natifs, et les résultats agrégés sur l’impact causal de l’immigration sont mixtes, avec un effet nul dans la majorité des travaux, et non nul pour certaines catégories de crimes et/ou de migrants.

Ces résultats questionnent l’utilisation du cadre beckerien standard pour comprendre le lien possible entre immigration et crime, et incitent à proposer un cadre de réflexion différent. 

L’ « auto-sélection » dans la migration : concept et implications sur la criminalité dans le pays d’accueil

Plusieurs des travaux empiriques mentionnés ci-dessus évoquent le rôle potentiel de l’auto-sélection dans la migration sur l’activité criminelle des immigrés. L’auto-sélection dans la migration est le fait que les individus qui migrent ont des caractéristiques, observables ou non (un esprit d’entreprise par exemple), différentes par rapport à ceux qui ne migrent pas. 

Ozden et al. (2017) avancent ainsi l’idée que les immigrés commettent moins de crimes que les natifs en Malaisie en dépit d’un niveau d’éducation moindre, car la migration serait davantage le fait d’individus ayant une forte propension à travailler honnêtement (par opposition à la propension à participer à des activités criminelles). Autrement dit, les candidats à la migration vers la Malaisie auraient tendance à être « moins » criminels. Cette interprétation est cohérente avec le fait que le taux de criminalité des immigrés en Malaisie est inférieur au taux de criminalité observé dans leurs pays d’origine. 

Pour mieux comprendre le lien possible entre immigration et criminalité, nous proposons donc de nous distancer de la tradition beckerienne et d’explorer, à l’aide d’un modèle théorique original, comment l’auto-sélection peut façonner la criminalité parmi les migrants (Mariani & Mercier, 2021). 

"Notre cadre de réflexion s’intéresse à la fois au choix de carrière, c’est-à-dire à l’arbitrage entre activité honnête et criminelle, et au choix de migration"

Notre cadre de réflexion s’intéresse à la fois au choix de carrière, c’est-à-dire à l’arbitrage entre activité honnête et criminelle, et au choix de migration. Plutôt que de considérer le choix de carrière ex-post (une fois le migrant à destination), nous supposons qu’il précède la décision de migration, et qu’il est imparfaitement réversible. 
Cela signifie que les individus peuvent changer de secteur d’activité (passer du secteur honnête au secteur criminel, ou l’inverse), mais qu’une telle reconversion entraîne des coûts – par exemple, du temps consacré à l’apprentissage de nouvelles compétences ou à du réseautage, ou encore l’investissement dans certains actifs. La littérature suggère en effet que le succès des activités criminelles dépend largement de l’accumulation de capitaux humain et social qui leur sont spécifiques, tels que l’expérience ou le réseau (voir par exemple Loughran et al., 2013 et Bayer et al., 2009). 

Dans le modèle, les individus commencent donc par choisir une carrière criminelle ou honnête en fonction des rendements des deux secteurs. Ceux-ci dépendent les uns des autres : les criminels dérivent leur rente de la prédation du revenu produit par les travailleurs. Les choix de carrière individuels tenant compte de cette interdépendance, ils mènent à une répartition stable de la population entre travailleurs et criminels qui est telle que les deux activités ont des rendements identiques.

Pour modéliser un flux de migration, nous introduisons ensuite la possibilité de se déplacer vers un pays au niveau de développement plus élevé, caractérisé par une technologie plus avancée, des natifs plus éduqués, et des institutions de meilleure qualité. La migration peut alors être attractive pour les travailleurs, s’ils anticipent qu’ils produiront plus et/ou verront leurs revenus mieux protégés de la prédation dans le pays hôte. Elle peut aussi l’être pour les criminels, s’ils anticipent qu’ils obtiendront davantage par la prédation dans un pays où le revenu est supérieur.

C’est le poids relatif de ces deux effets qui va déterminer la composition du flux de migrants entre travailleurs et criminels – le second effet étant dilué par deux phénomènes :

  1. Plus les criminels sont nombreux à migrer, moins le butin par criminel à destination est important (autrement dit, il existe un effet de congestion dans le secteur de la prédation) 
  2. L’arrivée de travailleurs immigrés moins éduqués que les natifs réduit le revenu individuel moyen dans le secteur honnête, tirant ainsi vers le bas la rente issue de la prédation dans le pays d’accueil.

"La part de criminels parmi les migrants peut être inférieure à celle préexistante dans le pays hôte"

Le modèle prédit que la part de criminels parmi les migrants peut être inférieure à la part de criminels préexistante dans le pays hôte, si ce dernier dispose d’institutions qui protègent suffisamment bien le revenu des travailleurs contre la prédation, ou si la productivité y est suffisamment élevée, en comparaison du pays d’origine. En effet, chacune de ces deux circonstances renforce davantage l’attractivité de la migration pour les travailleurs honnêtes que pour les criminels, générant ainsi une auto-sélection plus favorable aux travailleurs. Les immigrés peuvent alors être caractérisés par un taux de criminalité inférieur à celui des natifs, même s’ils sont moins éduqués ou font face à de moins bonnes conditions sur le marché du travail.

Enfin, si les coûts de reconversion professionnelle ne sont pas prohibitifs, certains immigrés honnêtes peuvent choisir de s’orienter vers la prédation une fois à destination, et certains natifs criminels peuvent quitter le secteur congestionné de la prédation pour mener une activité légale. Malgré ce phénomène, le taux de criminalité peut rester moins élevé parmi les migrants que parmi les natifs, si la différence de capital humain entre les deux populations n’est pas trop élevée. 

Le mécanisme d’auto-sélection dans la migration permet donc d’expliquer les résultats de la littérature empirique, plus complexes et nuancés que la simple prédiction d’une augmentation du crime générée par le différentiel de revenus légaux entre migrants et natifs à destination. 
Ici, les caractéristiques des individus et des pays concourent ensemble à déterminer la composition des flux de migrants, rendant possible un taux de criminalité plus faible chez les immigrés en dépit d’un niveau d’éducation moindre et de perspectives moins favorables sur le marché du travail. 

Le poids des politiques publiques

Plusieurs pistes de réflexion peuvent être développées autour de ce mécanisme d’auto-sélection. Par exemple, nous explorons certaines de ses implications en matière de politiques publiques. À contrainte budgétaire constante, le gouvernement du pays d’accueil peut faire face à un arbitrage entre la mise en place d’une politique d’immigration plus stricte (comme un quota) et celle d’un contrôle plus attentif du respect de la loi sur le territoire

L’allocation de davantage de ressources publiques au contrôle des frontières réduit le nombre d’immigrés mais peut avoir un effet pervers sur la composition du flux de migrants. En effet, un contrôle moins rigoureux du respect des lois applicables sur le territoire peut modifier la nature de l’auto-sélection dans la migration, en attirant davantage de migrants prompts au crime.

L'exploration d’une version dynamique du modèle souligne aussi l’importance des politiques d’intégration. Le mécanisme d’auto-sélection n’opérant pas dans le cas des enfants d’immigrés, si ceux-ci bénéficient d’une productivité moins élevée que les enfants de natifs sur le marché du travail alors qu’ils ne diffèrent pas au regard de leur revenu espéré dans le secteur de la prédation, le modèle prédit qu’ils pencheront davantage vers la criminalité. 

"Des politiques publiques visant à lutter contre les discriminations sur le marché du crédit et du travail jouent un rôle crucial"

Des politiques publiques visant à assurer un niveau de capital humain homogène entre enfants d’immigrés et de natifs, en dépit des différences de capital humain entre leurs parents ; et à lutter contre les discriminations sur le marché du crédit et du travail, jouent donc un rôle crucial pour que le mécanisme d’auto-sélection, favorable à la diminution de la criminalité, demeure bénéfique à long terme.

Enfin, la formulation du modèle et de ses hypothèses se veut particulièrement adaptée à l’analyse de flux de migration entre pays aux niveaux de développement inégaux, et à leurs implications en termes de crime contre la propriété. Quoique simplifié, ce cadre de réflexion fait ressortir le rôle de l’auto-sélection dans la migration, qui génère une possible diminution de la criminalité à destination, et dont il émerge d’importantes implications notamment en termes de politiques publiques. 

Il serait utile, pour aller plus loin dans l’exploration du mécanisme et mieux comprendre ses implications, de cerner de façon précise les conditions dans lesquelles il opère, en particulier en fonction des caractéristiques des pays ou des types de crimes.
 

Références

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