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Dossier | Dauphine Digital Days 2022 "IA & société" - Les actes #1

Éthique et gouvernance de l'IA pour la santé

Publié dans IA & Numérique 3 mn - Le 27 novembre 2023

Une formidable opportunité, l’intelligence artificielle en est une. Elle doit cependant être pensée, et son utilisation cadrée, pour servir au plus grand nombre.

Sameer Pujari, vice-président du groupe de réflexion « AI 4 Health » à l’OMS (Organisation mondiale de la santé)

Le plus important, lorsque l’on parle d’intelligence artificielle et de santé, est de constater l’impact concret que ces technologies peuvent avoir sur le terrain, auprès des populations. Il existe trois principaux groupes de personnes.

Le premier : les générations futures, qui utiliseront le numérique d’une façon naturelle. Ceux pour qui l’IA et le numérique seront demain totalement intégrés à la santé et à la vie de tous les jours.

Le deuxième : les professionnels de santé. Il existe souvent une déconnexion entre les politiques et le quotidien des soignants. Or, l’objectif de la technologie est de les aider, et non de leur ajouter un poids. Le troisième et dernier groupe, enfin, c’est nous. Vous, moi, tous les usagers de santé. Il faut tout étudier avec cette perspective : comment ces travaux peuvent-ils avoir un impact sur ces trois typologies de personnes ?

Une technologie précieuse

L’important n’est pas l’intelligence artificielle en elle-même, mais tout ce qu’elle permet de faire. La santé est l’un des domaines qui génère le plus de données au monde. Nous devons apprendre à les appréhender et en faire bon usage. L’intelligence artificielle est une formidable opportunité, car elle ouvre un nouveau champ des possibles, pour mobiliser et utiliser ces données.

Prenons l’exemple du Covid. Imaginons ce dont nous aurions été capables il y a vingt ans, avec une technologie bien moins mature… Nous n’aurions jamais pu avancer aussi vite, en termes de détection des cas, par exemple via la détection thermique, justement rendue possible grâce à l’IA. La technologie a aussi été précieuse dans le secteur logistique, pour livrer les produits médicaux plus rapidement et efficacement. Et elle permet désormais de faire des prédictions sur la prévention de nombreuses maladies : le diabète, la tuberculose… Plus vite diagnostiquées, ces affections peuvent être ainsi mieux soignées.

Des jalons progressifs

Vieillir dans de meilleures conditions, disposer d’une alimentation plus saine, tout cela bénéficie des avancées de l’IA. En revanche, il est important de toujours se demander comment il est possible de l’utiliser de façon éthique, dans chaque domaine, avec un écosystème adapté. Des jalons ont déjà été posés par les 194 États membres de l’OMS, qui ont adopté une résolution sur la santé numérique en 2018, dont la visée est de faire du numérique l’instrument qui ouvrira la santé au plus grand nombre. Il s’agit d’un appel pour investir dans ce domaine, avec une accélération des efforts harmonisés.

En 2020, une stratégie mondiale sur la santé numérique a été lancée, avec quatre principaux piliers : la collaboration, sachant que l’OMS est mandatée par les pays membres pour les aider à travailler ensemble sur ces sujets, la mise en œuvre sur le terrain, en créant un écosystème et un modèle économique pertinents pour que les projets existent, la gouvernance, pour que ces fameux projets puissent non seulement se créer, mais aussi se développer. Le dernier pilier : l’humain doit être au cœur de tous ces projets.

Un impact sur tous

Depuis, des groupes d’experts ont été mis en place, travaillant sur une dizaine de sujets allant du transversal au très spécifique. Le premier groupe s’intéresse par exemple à l’éthique et à la gouvernance de l’intelligence artificielle, qui est le point de départ de tout système d’IA. Si vous ne mettez pas en place la bonne structure dès le début, avec un cadre pensé, cela ne fonctionnera pas. Cela donne des documents, certes un peu techniques, mais permettant aux personnes travaillant sur le terrain de disposer de check-lists, pour vérifier qu’elles suivent bien les recommandations de l’OMS.

Prochaine étape : lancer de nouvelles initiatives, lever des fonds et aider les pays à mettre en œuvre une approche collaborative de l’intelligence artificielle. La science doit être au cœur de tout ce que nous entreprenons, et l’intelligence artificielle à la fois responsable, collaborative et de confiance, si elle veut véritablement avoir un impact sur tous.